Laïcité : un modèle à défendre !!!

Publié le 7 Avril 2015

Laïcité : un modèle à défendre !!!

Le 7 janvier, trois mots marquaient les esprits. Le 11 janvier, ces trois mots (« Nous sommes Charlie ») étaient considérés comme l’expression symbolique d’un signe de ralliement unanime se voulant défendre la liberté d’expression et les valeurs de la république.

Pour autant, quelques jours après, les attentats, le signe de ralliement « unanime » ne l’était plus vraiment! En effet, au sein de certains établissements scolaires (et en d’autres lieux), la minute silence faisait du bruit et s’heurtait à des réticences, des perturbations voire des refus.

Immédiatement, les médias n’ont pas manqué de se pencher sur ces incidents. En expliquant avec force (passagère), qu’ils étaient révélateurs d’un malaise profond dans différentes communautés, et, surtout, qu’ils étaient l’expression d’une remise en cause de La Laïcité,.

Force était, dés lors, de constater, que notre incapacité collective à poser les mots sur nos maux (non pas pour stigmatiser, mais, pour apporter des solutions à nos problèmes) avait certainement contribué à cette remise en cause. Force était de constater, que depuis plusieurs années nos « édiles » médiatiques (journalistes, politiques et « experts ») s’étaient enfermées dans un discours conçu comme politiquement correct, où affleurait en permanence la pensée unique. Certaines choses ne devant pas être dites ni écrites, comme si le déni de dénomination valait déni d’existence. Aveuglées, d’ailleurs, par une bien pensante qui confond tolérance et laisser-faire, qui confond respect et renoncement, nos édiles en oubliaient de défendre l’une des valeurs centrales de notre République : la laïcité.

Mais, les temps que nous traversons, qui sans exagérer, sont pas sans rappeler ceux où vivait l’ermite de Patmos, époque de trouble, de violence, de désarroi, notre rôle n ‘est-il pas, envers et contre tout, de maintenir une certaine idée de l’homme et de la société, de maintenir des valeurs sans lesquelles toute vie humaine serait vaine et dérisoire : valeurs de liberté, de justice, de loyauté, de dignité humaine et de fraternité.

La laïcité est, donc (dés lors), un sujet sur lequel nous n’avons pas à nous abstenir de peur de nous aventurer sur une terre inconnue et en terrain hostile.

Nous, nous devons même de revendiquer la laïcité comme un héritage, et, parce qu’elle fait partie notre héritage nous avons le devoir de la préserver pour le transmettre à notre tour.

Nous avons même l’obligation d’en comprendre le sens pour saisir celui de notre démarche humaniste et militante, car :

  • La laïcité n’est pas un principe, c’est une conséquence de la nécessaire liberté de conscience qui permet à tous et chacun de choisir les chemins de son épanouissement personnel. Le principe, c’est l’affirmation qu’il y a un sens plutôt que l’absurde. Quel est ce sens ? A l’évidence les hommes le cherchent, ils le cherchent par des voies scientifiques, par des voies religieuses ou par des voies philosophiques. Mais, tous affirment la foi dans le sens de la vie. Alors, la réponse laïque (qui est avant tout une réponse de compassion à l’égard des limites de notre propre entendement) est de dire qu’aucune voie ne peut être fermée à l’homme dans sa tentative de compréhension et de dépassement.
  • La laïcité n’est pas une doctrine, c’est une méthode et ce n’est qu’une méthode. Et en ce sens, elle ne promet pas le salut. Elle n’ouvre la voie à aucune rédemption. Elle ne fournit aucun prêt-à-porter intellectuel et moral. Elle ne donne pas de solutions aux interrogations de l’homme ; elle lui donne la possibilité de la chercher. La laïcité c’est aussi le refus de toute doctrine étatique, politique, syndicale, partisane, tribale, familiale, à laquelle on serait obligatoirement tenu d’adhérer en faisant abstraction de sa propre conscience, en abdiquant son droit au choix
  • La laïcité «est une approche de droit politique/constitutionnel (nous dit Pena Ruiz). Elle met en jeu un idéal universaliste d’organisation de la cité et le dispositif juridique qui en rend possible la réalisation concrète. Ce dispositif est celui de la séparation, qui émancipe l’ensemble des institutions publiques, et tout d’abord l’État, des Églises, tout en libérant celles-ci de toute ingérence politique. Le mot qui désigne le principe, laïcité, fait référence à l’unité du peuple, en grec le laos, telle qu’elle se comprend dès lors qu’elle se fonde sur trois exigences indissociables : la liberté de conscience, irréductible à la seule « liberté religieuse », qui n’en est qu’une version particulière, l’égalité de traitement de tous les citoyens quelles que soient leurs convictions ou leurs options spirituelles, et la visée de l’intérêt général, du bien commun à tous, comme seule raison d’être de l’Etat. Pour donner à ces trois valeurs une garantie institutionnelle forte, la laïcité affranchit la sphère publique de toute emprise exercée au nom d’une religion ou d’une idéologie particulière. Elle la préserve ainsi de tout morcellement pluriconfessionnel ou communautariste, afin que tous les hommes puissent s’y retrouver.

La laïcité, ce n’est donc ni l’anti religion, ni une conception à géométrie variable.

Et, soyons encore plus clairs ! La laïcité, ce n’est pas combattre l’idée de Dieu, c’est refuser de l’enrôler au service de nos pseudo débats, de nos différends, de nos polémiques et de nos luttes, y compris celles qui consistent à le nier si l’on a pas la foi.

Mais, si cela dérange certains et surtout ceux qui refusent le débat contradictoire argumenté, des catholiques, des protestants, des juifs et des musulmans, etc. ;sont et peuvent être aussi laïques que des athées ou des agnostiques.

Car, la laïcité, telle que nous la concevons voire la vivons , ce n’est pas de considérer comme Auguste Comte que la théologie ou la métaphysique sont des conceptions d’âges révolus, ou que la religion n’est, comme a pu l’écrire Marx, que « le soupir de la créature opprimée, l’esprit d’un monde sans esprit, l’âme d’une époque sans âme » A proprement parler, parce que pour nous la laïcité est par essence méthodique, nous n’avons pas à juger d’une aspiration humaine qui, quoique l’on dise, n’est pas prête de s’éteindre tant elle correspond justement à un besoin d’élévation et de spiritualité .

Aussi, parfaitement laïques, nous n’avons ni haine, ni mépris, et encore moins d’indifférence à l’égard des religions.

Ce contre quoi, en revanche, nous nous mobiliserons avec force, c’est la prétention de certains religieux à vouloir cantonner la spiritualité à la seule religion d’abord, à vouloir ensuite la limiter à leur seule religion et à vouloir enfin la confiner dans la seule interprétation qu’ils donnent de leur propre religion.

Dés lors, nous pourrons nous définir, sans nous contredire, et à juste titre, comme étant à la fois des croyants, des spiritualistes et des laïques. Cette conception, nous pouvons (plus que) facilement l’expliquer. Il nous reste, toutefois, à l’appliquer et la vivre quotidiennement.

Dés lors, nous pourrons dire « Le but n’est pas le but. Le but, c’est le chemin »

Dés lors, nous pourrons avoir une authentique démarche, non point d’alibi de la bonne conscience, mais de la vérité dans le combat contre les discriminations, les exclusions, les ségrégations et toutes les idéologies extrémistes.

Dés lors, nous pourrons refuser la pensée unique, la langue de bois et le pseudo politiquement correct, refuser l’autocensure, refuser la peur de l’Autre,

Dés lors, nous pourrons réagir, contre l’obscurantisme, le terrorisme, le nihilisme, l’intolérance, réagir pour affirmer notre réelle volonté de Vivre Ensemble, réagir pour refuser le piège des amalgames et les idéologies politiques et religieuses.

Dés lors, nous pourrons ensemble élaborer un projet de société porteur de valeurs sociétales dans lesquelles nous nous reconnaitrons.

Et, si il est vrai que trois mots ont pu à un instant « T » laisser penser qu’ils pouvaient être un signe de ralliement républicain. Il est plus qu’exact, que les trois mots inscrits sur les frontons de nos mairies ; Liberté – Égalité – Fraternité, sont, eux seuls, l’expression de la Devise de notre République. Devise qui exprime les principes et les valeurs de la France. Devise qui signifie le signifiant; la France est une République une - indivisible et laïque; Devise qui explicite que la France est le pays des droits de l’homme, de la séparation des Églises et de l’État, Devise qui affirme que la France c’est un cadre constitutionnel et juridique précis, Devise qui revendique que la France est le pays de la Liberté d’expression, de la Liberté de pensée, que la France c’est l’humanisme, la tolérance, le respect de tous et chacun.

Prendre la mesure des valeurs républicaines, les faire respecter permettra sans nul doute d’appréhender et de comprendre que la Laïcité, ce n’est pas le combat contre « telle église », mais l’éducation des convictions et l’acceptation de la pluralité et de l’authenticité des idées rationnellement construites dans une neutralité de débat.

Jean-Loup DUJARDIN

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M
Bonjour. D'accord avec l'article.<br /> Savez-vous que dans notre ville d'Asnières-sur-Seine, il y a un cours de gym Muay Thai uniquement réservé aux femmes? Et lorsque l'on passe devant l'entrée du gymnase à l'heure dite, ça sent bon le communautarisme. Voir ici: http://askboxing.free.fr/page%205%20Le%20Gym%20Muay-Thai.htm
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