Tribune de Jean-Marie Bockel : Redonnons ensemble du sens au projet européen : Osons une Europe plus ambitieuse mais pragmatique !

Publié le 10 Mai 2013

Triste constat. En ce jeudi 9 mai, rares sont nos compatriotes ou nos politiques à célébrer la journée de l'Europe.

Sans vouloir s'ériger en donneur de leçons, cette situation amène toutefois quelques observations.

Jacques Delors avait l'habitude de dire que "L'Europe, c'est comme une bicyclette, quand elle n'avance pas, elle tombe." Cette image de la construction européenne met clairement en exergue les ambivalences de l'Union européenne, structure aux potentialités multiples, portée par l'espoir de coopérations toujours plus renforcées, mais où l'immobilisme, résultant de la difficile prise de décision à 27, l'emporte trop souvent.

Si l'Europe n'a jamais été aussi efficace que lorsqu'elle était en mouvement, notamment au travers la mises en œuvre "de réalisations concrètes", force est de constater qu'elle doit aujourd'hui faire à de profondes mutations, qu'elles soient économiques et financières, politiques ou bien même stratégiques. A l'heure de la globalisation et de l'émergence de nouveaux pôles de puissance, l'Europe est contraint de s'adapter, au risque de ne plus trouver sa place dans ce nouvel ordre mondial...

Des défis à surmonter dans un environnement en mutation

En définitive, l'Europe semble confrontée à trois défis majeurs, en premier lieu desquels la nécessité de redonner du sens à son action. A quoi sert l'UE dans un monde globalisé ? Quels sont désormais ses objectifs ainsi que ses leviers d'action ? L'Europe se révèle en effet fébrile voire impuissante alors que le contexte actuel exige réactivité et détermination, comme on a pu le constater lors de la crise des dettes souveraines, où seule la confiance fait figure de remède durable. Mais avons-nous encore confiance en l'UE ?

En outre, l'Europe est en proie à une recherche perpétuelle de sa nature qui la conduit à s'interroger sur son identité. Doit-elle tendre vers la constitution d'une véritable fédération ? Même si cette question récurrente depuis les traités originaires relève davantage de la philosophie politique, elle mérite d'être posée sans polémique. L'Europe ne peut s'affirmer sur le devant de la scène internationale que si elle abandonne le spectre de la schizophrénie.

Enfin, les instances européennes sont traversées par un manque de légitimité lancinant, en dépit du poids croissant accordé au Parlement européen ces dernières années. Or, la construction européenne ne peut se faire sans les Européens, en particulier lorsqu'il s'agit du tournant de l'Union politique qui apparait inévitable à terme pour appréhender des problématiques de plus en plus globales, qui dépassent très largement le simple cadre économique. Ce manque de soutien populaire s'inscrit plus largement dans un contexte de remise en cause du principe même de représentativité, comme en témoigne la montée inquiétante des extrêmes et de l'abstention partout en Europe.

Pourtant l'Europe est plus que jamais indispensable ! Dans un monde caractérisé par l'instabilité, où des conflits que l'on croyait disparus ressurgissent à nos frontières, le besoin d'une Europe forte, voire même politique, se fait très clairement sentir. Le risque d'une Europe en perte d'influence, prélude à un amoindrissement de nos marges de manœuvre individuelles, ne doit pas être une éventualité.

Pour une Europe ambitieuse mais pragmatique

Dans ce contexte, j'ose espérer en ce jour anniversaire que l'Europe saura faire preuve de l'ambition que devrait lui inspirer son demi-siècle d'existence, rythmé certes par des difficultés, mais surtout par de formidables réussites. De l'instauration de la paix sur le continent, à l'euro en passant par le marché commun, pour ne citer que quelques réalisations, l'Europe a su faire d'une réalité géographique un véritable rassemblement entre les peuples européens.

Mais cette Europe ambitieuse que j'appelle de mes vœux doit également faire preuve d'un certain pragmatisme. Pour développer nos coopérations, revenons à la méthode des "petits pas" impulsée par les pères fondateurs, et délaissons les postures idéologiques (politique d'austérité versus politique de relance, par exemple). La démarche de projets est la seule qui vaille pour impulser une dynamique - je pense notamment au chantier de l'Europe de la défense, qui peine à se matérialiser dans les faits en dépit de nombreux discours et initiatives pour sa "relance".

Pourquoi par ailleurs ne pas étudier plus spécifiquement la possibilité d'introduire un statut d'Etat membre associé ? Si d'aucuns récusent ardemment cette Europe à "géométrie variable", ouvrir le débat pourrait néanmoins permettre de réfléchir collectivement sur les meilleures réponses à apporter à certains blocages institutionnels. Ceci sans préjudice bien entendu pour le couple franco-allemand qui reste, j'en suis convaincu, le moteur indispensable de la construction européenne, au-delà des nombreuses tentatives de diabolisation dont il fait souvent l'objet, comme l'actualité récente nous l'a une nouvelle fois tristement rappelé. Dans ce climat plus que jamais, nous devons faire preuve de pragmatisme pour ne pas rater le cours de notre histoire !

Poser les bases d'un nouveau partenariat Euro-Africain

L'Europe a également besoin de s'affirmer en tant que puissance et acteur incontournable de la vie internationale, notamment vis-à-vis de ses principaux partenaires. Si le Mali a visiblement été une occasion ratée pour l'UE de démontrer toute sa pertinence en matière de défense et de gestion de crise, l'Europe n'en demeure pas moins un formidable vecteur de changement politique et social en période de reconstruction, promoteur de normes et de bonnes pratiques.

Alors que l'Afrique s'annonce d'ores et déjà comme le contient du XXIe siècle, l'exemple malien devrait inciter l'Europe à repenser sa politique à l'égard de ce continent, qui cristallisera les grands enjeux des prochaines décennies. L'Afrique est un voisin à potentiel immense que nous ne pouvons ignorer, porté par des économies en plein essor et une démographie en constante augmentation. Plus de la moitié de la population africaine est âgée de moins de 20 ans et 330 millions de jeunes Africains arriveront sur le marché du travail dans les quinze prochaines années...

Aussi, l'intérêt sécuritaire et économique de l'UE ne serait-il pas, à l'instar des Américains et leur plan Marshall pour l'Europe après la Deuxième guerre mondiale, de lancer un programme analogue en direction de toute l'Afrique ? Poser les bases d'un véritable partenariat Euro-Africain "gagnant-gagnant" entre nos deux rives de la méditerranée.

C'est à mon sens le grand projet dont l'Europe a tant besoin et que l'Afrique attend.

L'Europe est l'avenir des Européens

Bien souvent évacuer de la réflexion politique ou seulement bouc émissaire de nos frustrations collectives, les prochaines échéances - en particulier celles des élections européennes de 2014 - devraient être pour nous l'occasion de replacer l'Europe au cœur de nos préoccupations.

Car l'Europe est bien l'avenir des Européens, ne l'oublions pas !

L'UDI, seul parti véritablement européen de notre pays, entend y veiller de manière scrupuleuse mais aussi enthousiaste.

Continuons ensemble de faire vivre avec exigence la construction européenne, qui reste à ce jour le plus beau projet politique existant à l'échelle d'un continent. Et en cette journée du 09 mai, soyons en fiers !

Rédigé par Section UDI Asnières sur Seine

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